Bien que Naarliel ne soit pas le plus fervent des patriotes, il voue un grand respect aux valeurs et au roi de Kemsorë. Beaucoup de ses adversaires, par le passé, l’ont sous-estimé parce qu’il était un serviteur d’Héliane - c’est une erreur que plus personne ne songerait à commettre maintenant. En effet, si Naarliel est toujours dévoué à sa divine maîtresse, il a reçu l’enseignement de nul autre qu’Artrias lui-même, le dieu de la guerre et de l’honneur, et c’est à lui que va sa réelle allégeance. Guerrier dans l’âme, l’ange sait cependant s’occuper d’une cité en temps de paix. Doté d’une expérience inimaginable pour les races mortelles, il dirige la cité de Tephnüt à la perfection, donnant satisfaction à la plupart des citoyens ; ceux qui râlent sont superbement ignorés, et dès qu’ils font des vagues on les invite à en parler au dirigeant. Manœuvre visant à faire croire que chacun est libre de s’exprimer... Ce qui est vrai en soi, mais qui pourrait tenir un débat face à un être si ancien, au charisme physique et verbal si important ?

Pour ce qui est des loisirs, beaucoup disent que l’ange ne s’amuse jamais. Les très rares personnes qui le connaissent savent que ce n’est pas vrai, et que Naarliel au contraire apprécie grandement les quelques heures où il peut se détendre, descendre en ville incognito et prendre du bon temps.

Le moins qu’on puisse dire à propos de Naarliel, c’est qu’il est imposant. En effet, non content d’avoir deux immenses ailes de la couleur de l’or blanc, de mesurer deux mètres quatre et d’avoir des yeux constitués de lumière pure, il est également doté d’une grande force physique et est un excellent guerrier. Il a également toujours une expression sérieuse, qui met instantanément mal à l’aise tous ceux qui sont animés de mauvaises intentions.

Depuis plusieurs siècles passés sous le soleil de Kemsorë, sa peau a pris la teinte du cuivre et ses cheveux ont une couleur presque similaire, à peine plus intense. Son visage, à la fois carré et fin, est typique des anges d’Héliane, tout comme ses cheveux, qui semblent toujours onduler légèrement comme sous l’effet d’une brise, même quand il n’y a aucun vent.

L’Ange de Feu porte toujours des habits légers, comme la plupart des habitants de Kemsorë - il semble avoir une préférence pour les vêtements sombres et foncés. Lorsqu’il part au combat, il privilégie toujours les armures légères et le combat à l’épée, bien qu’il soit presque aussi efficace avec ses poings nus.

Enfin, il a la capacité de camoufler ses attributs angéliques : il paraît alors d’une taille plus normale, sans ses ailes et avec des yeux bleu normaux. Mais ce faisant, il ne perd rien de ses capacités...

Bien que ne faisant pas partie des premiers anges créés par la déesse pour être ses messagers, Naarliel a tout de même vécu plus d’un millénaire. Il passa ses siècles de jeunesse à servir la déesse, mais il ne se sentait pas satisfait. Il finit par demander à Héliane l’autorisation de visiter les terres des mortels, ce qu’elle lui accorda ; une fois là-bas, il tomba sous le charme de leur mode de vie, certes bien moins agréable que le sien, mais tellement plus actif !

Cependant, il ne pouvait quitter le service de la déesse à moins de la renier, et il l’honorait bien trop pour cela. Il vécut ainsi déchiré pendant plusieurs années, à pencher tantôt vers le rejet de la déesse, tantôt vers la culpabilité d’avoir pu ne serait-ce qu’y songer.
Puis l’idée lui vint un jour qu’il marchait et qu’il vit un ange d’Artrias se battre. Il alla trouver le dieu en personne, et lui demanda de lui enseigner l’art de la guerre. Artrias accepta, dans l’idée de donner une leçon à cet ange audacieux ; et si la leçon fut rude, le dieu fut tout de même impressionné par l’opiniâtreté de Naarliel, et il décida d’accéder réellement à sa demande.

La formation fut ardue et lui coûta beaucoup ; mais un jour enfin Artrias lui-même plaida sa cause auprès d’Héliane, qui accepta à contrecœur de le laisser vivre dans le monde des mortels - plus précisément sur des terres alors vierges, mais qui seraient plus tard rattachées à Quanjin.
Naarliel y vécut comme un nomade durant deux siècles, rendant service aux peuples qu’il croisait, perfectionnant sa connaissance du monde. C’était un mode de vie qu’il aimait plutôt bien, côtoyant des gens simples, rendant service, construisant son propre domaine ; mais il aspirait à plus. Il avait passé son huit-centième anniversaire lorsqu’il dépassa les Monts de Sable et posa le pied sur le sol de Kemsorë. La culture et la valeur de la nation lui plurent tout de suite, et de plus le puissant ensoleillement lui rappelait sa vocation naturelle, de servir Héliane : il décida que c’était là qu’il voulait s’installer.

A cette époque, le royaume du soleil se relevait à peine de la guerre effroyable menée contre Venderfel. Naarliel s’enrôla comme simple soldat dans l’armée décimée ; ses remarquables faits d’arme eurent cependant tôt fait d’attirer l’attention de ses chefs. L’ange se hissa à vitesse grand V vers le haut de la hiérarchie, et il ne lui fallut que quelques années pour rencontrer le roi lui-même. Celui-ci, impressionné d’avoir un tel atout dans la manche, lui donna un haut grade et s’empressa de faire sa connaissance. Un lien se forma rapidement entre les deux hommes : le roi se félicitait d’avoir un tel atout pour son armée, et Naarliel se sentait épanoui dans cette vie, où de plus hautes responsabilités lui incombaient.

L’Ange de Feu, comme il fut rapidement surnommé, ne tarda pas à se faire un nom également parmi les armées quanjas ; la guerre aurait rapidement pu pencher en faveur de Kemsorë s’il n’y avait pas eu Stygius Akayama. Cet étrange guerrier tint bon face à l’ange d’Héliane, et le combat terrible, qui fit trembler les montagnes, dura des premières lueurs de l’aube jusqu’à la noirceur de la nouvelle nuit, avant qu’enfin Naarliel ne vainque son ennemi. Mais n’ayant jamais croisé guerrier plus valeureux, il choisit plutôt de laisser à ce remarquable adversaire la vie sauve qu’il méritait, et de se retirer de la guerre.

Devant cette décision, le roi, assez déçu, trouva néanmoins une autre manière d’exploiter la si précieuse expérience de l’ange : il lui demanda rapidement de prendre la place du dirigeant de Tephnüt, qui menait la cité à sa perte, et Naarliel accepta ce nouveau changement avec plaisir. De conseiller du roi il devint confident, puis ami ; c’est ce qu’il resta au fil des années, étant toujours présent auprès du nouvel héritier du trône. Pour servir... ou pour contrôler, diront les mauvaises langues.