Ce qui motive Irina, c’est la grandeur. La sienne et celle de sa cité - dans cet ordre. Placée à la tête de Tarrumrhat par la reine Hatchenrê II il y a sept ans, elle a tout de suite mobilisé toute sa ruse pour faire prospérer la cité. Ses méthodes particulièrement efficaces ont toutefois fait tiquer plusieurs honnêtes citoyens, et après quelques années le nouveau roi décida rapidement de nommer un second dirigeant à la cité. Mais Irina, dans une manœuvre désespérée, lui fit remarquer que le port n’avait jamais connu un tel essor commercial que sous sa direction ; et le roi prit alors la décision inédite de maintenir les deux dirigeants en place.

Irina n’apprécie pas du tout de devoir partager son pouvoir, mais elle sait que son intérêt exige qu’elle obéisse. Elle est de toute façon connue pour toujours parvenir à ses fins, même par des moyens détournés ; cependant, comme elle a permis une évolution positive de la cité, la plupart font la sourde oreille aux rumeurs, pourtant plutôt solides, qui courent sur son compte. On dit que la prospérité du port n’est pas vraiment légale...

Elle organise régulièrement des dîners somptueux et des bals, et ce sont des évènements attendus avec impatience par tous. Irina a déjà eu quelques relations, mais ça ne semble pas être quelque chose qui l’intéresse.
Cependant elle est également une adepte convaincue de Nocsïa, et il peut être surprenant de découvrir une toute nouvelle Irina au temple. Là-bas, elle donne aux pauvres et elle reste parfois longtemps seule, discrète. On dit que c’est pour redorer son image ; toutefois, ceux qui la côtoient au temple sont en général frappés de la voir si impliquée. "Je n’hésite pas à faire ce que j’ai à faire, et je vais ensuite en demander pardon à la déesse".

Les faes étant moins communs à Kemsorë qu’à Venderfel, Irina ne passe pas inaperçue. Bien qu’elle n’ait pas hérité des ailes de sa mère, elle n’en garde pas moins un regard très particulier, aux yeux changeant de couleur et brillant dans l’obscurité. De sa mère elle a également hérité des cornes, signes d’une race particulière de faes, les satyres ; ainsi qu'une éducation noble, qui se retrouve dans son port presque royal et dans ses manières très élégantes. Irina est entourée d’une aura mystique, qu’elle aime à entretenir ; elle a ainsi pour habitude de montrer ses pouvoirs lorsqu’elle sort dans les rues, afin que tous sachent de quoi elle est capable.

Irina montre rarement ses cornes ou ses cheveux, qu’elle préfère en général cacher sous des hennins cousus sur mesure pour elle. Elle est toujours bien couverte de vêtements sombres, ce qui ne manque pas d’intriguer les habitants de Tarrumrhat, où les températures peuvent devenir particulièrement désagréable même pour les plus résistants des kemsoréens... et pourtant elle ne semble jamais indisposée, ni ne semble jamais transpirer.

Si Irina avait connu son père, sa vie aurait put être tout à fait différente. Les rares fois où sa mère voulut bien lui en parler, elle lui décrivit un soldat humain passionné par les autres, loyal et généreux ; ce fut ce qui causa sa perte, lorsqu’il se sacrifia pour sauver son escouade, tombée dans une embuscade, alors qu’Irina n’avait que six ans. Le développement des faes étant plus lent que celui des humains, la fillette était encore trop petite pour avoir pu graver le souvenir de son père dans sa mémoire.

Sa mère se referma sur elle-même et devint distante ; elle consacra cependant presque toutes ses ressources et son temps pour garantir à sa fille unique la meilleure éducation, jurant qu’elle deviendrait une femme importante ou tomberait dans l’oubli. La jeune semi-fae montra une grande affinité magique, et sa mère exploita cette force, lui payant les meilleurs professeurs de Tarrumrhat.
Petit à petit, la jeune Irina apprit à exploiter ses talents, magiques comme intellectuels. Elle s’en servit rapidement pour parvenir à ses fins, encouragée dans cette voie par sa mère, qui ne voyait en les autres que des obstacles pour la montée vers la gloire.
Irina vécut longtemps comme mage auto-entrepreneur, et cela lui réussissait bien ; mais elle aspirait à plus. Lorsque sa mère vieillissante commença à ne plus avoir assez d’énergie pour régir sa vie, sa fille commença à travailler avec des personnalités officielles et en profita pour s’en faire des amis.

Le temps passait, et Irina montait à une bonne vitesse vers le sommet de la pyramide. Quelques-uns de ses plus virulents ennemis disparurent soudainement sans laisser d’adresse, et les autres recevaient soudain de grandes sommes d’argent qui les convainquaient de s’intéresser à autre chose. Et de l’argent, Irina semblait ne jamais en manquer. D’obscurs personnages venaient la voir souvent, et repartaient, untel avec un laisser-passer, un autre avec un sortilège puissant, tandis que les caisses de la semi-fae se remplissaient.
Par sa ruse et sa richesse, elle était devenue l’une des premières dames de la cité lorsqu’on annonça la visite de la reine. Le vieux dirigeant tomba à peu près malade au même moment (la semi-fae sembla particulièrement surprise de l’apprendre), et Irina, par sa prestance et par ses pouvoirs, fit une grande impression sur la reine lorsqu’elle visita la ville. Peu de temps après, le dirigeant succomba à la maladie, et Irina reçut finalement le titre tant convoité.

Elle dirigea avec énergie, remodelant la cité, fortifiant le commerce ; mais les rumeurs sur sa gestion du marché noir et du trafic lui firent peu à peu perdre son odeur de sainteté, et la destitution plana au-dessus de sa tête. Elle s’en sortit une fois de plus grâce à ses talents de belle parleuse, mais elle fut obligée de partager la gestion de la ville avec Néferhotep, un anubien dont les méthodes justes et honnêtes différaient radicalement des siennes, et qui guettait le moindre faux pas de sa part. Leurs rapports n’ont jamais été très cordiaux, mais Irina sait qu’il est dans son intérêt de ne rien faire qui puisse mettre à nouveau sa place en péril... Et pour l’instant aucun trafic n’a jamais pu être relié à elle, bien que l’anubien n’en soit pas à sa première tentative.