Au fur et à mesure qu’elle traversait les épreuves et remportait les batailles, Axanne a su gagner le respect de ses troupes. Bien qu’elle ne recherche pas le contact avec les foules et qu'elle ne soit pas forcément la plus sociale des personnes, ses troupes ont confiance en elle et la suivraient jusqu’aux demeures d’Uxtael. Ainsi, Axanne est une combattante - mais ce n’est pas sa seule vocation. En effet, sa ruse et son expérience lui ont donné tous les outils nécessaires pour diriger la ville dont elle a la garde, et ceux qui ont fait l’erreur de la croire compétente uniquement sur le champ de bataille en ont été pour leurs frais.

Axanne est réputée pour sa joie de vivre (chose assez ironique pour une morte) : il n’est pas rare de la trouver dans les bars ou les tavernes de la ville, riant à gorge déployée avec ses amis, souvent des soldats. Elle est en effet très proche de certains d’entre eux, femmes et hommes ; très proche, diront certains.

De taille moyenne, Axanne a l’apparence d’une jeune femme svelte, fine mais aussi musclée. Sa peau dorée par le soleil camoufle un teint jadis cadavérique, mais ne peut dissimuler des orbites cernées de noir et des lèvres bleutées. Heureusement pour elle, son beau visage et son corps avantageux permettent de faire oublier à ceux qui la regardent ces détails troublants. On voit également, dans son visage, des traits quanjis, qui peuvent la rendre un peu impopulaire auprès des plus méfiants.

Axanne s’habille en général de tenues légères, afin d’avoir une grande liberté de mouvement ; lorsqu’elle combat, elle revêt des brassards spécialement créés pour elle, qui lui permettent de canaliser sa magie afin d’utiliser moins de mana.

Axanne est née à Quanjin, une belle journée d’été de l’année 721. Mais c’était bien la seule belle chose : son père était auparavant conseiller à la cour impériale, rien de moins, mais suite à une embrouille politique il avait été désigné comme bouc émissaire et avait été exilé, avec sa femme enceinte de huit mois, au sud de Quanjin, dans une région chaude et inhospitalière où les tensions avec Kemsorë rendaient la vie dangereuse. Mais face à la trahison de ceux qu’ils servaient, les parents d’Axanne décidèrent de jouer le tout pour le tout et franchirent le passage des Monts de Sable pour demander l’asile au royaume du soleil, alors que leur fille n’avait que deux ans. Le dirigeant d’Amenhankas de l’époque décida d’accéder à leur demande, considérant qu’avoir un politicien de la nation adverse trahi par ladite nation était un atout. Le père d’Axanne put ainsi retrouver un travail, similaire à l’ancien ; mais la vie restait difficile pour des quanjis dans ce contexte de guerre latente. Axanne apprit très jeune à ne compter que sur elle-même et à ne laisser personne l’atteindre.

En 735, la guerre devint officielle. Les habitants d’Amenhankas devinrent ouvertement hostiles envers la famille quanja, et on fit comprendre au père d’Axanne qu’il ne pouvait plus travailler avec l’administration. Face à la misère qui guettait sa famille, la jeune adolescente utilisa sa dextérité et ses yeux de lynx pour se procurer ce dont ils avaient besoin, d’une manière ou d’une autre. Elle intégra une bande de gamins des rues, avec lesquels elle fit les quatre-cent coups. Mais elle finit par se faire prendre, à dix-sept ans, et on lui proposa la prison ou l’armée - elle choisit la seconde option, puisqu’au moins elle y aurait une paye. On fut dur avec elle, puisqu’elle était une femme, une voleuse et une quanja - mais elle tint bon, et devint plutôt douée au combat.

Hélas pour elle, ce qui aurait pu être une carrière brillante dans l’armée fut brutalement interrompu par la terrible peste rouge. Axanne la contracta en 746, alors qu’elle avait vingt-six ans, et elle en mourut en à peine trois jours.
Elle fut donc particulièrement surprise lorsqu’elle se réveilla sur une table, dans un sous-sol obscur. Son corps avait été récupéré par des médecins, qui avaient décidé de chercher un remède sur elle - après tout, qui se soucierait du sort du cadavre d’une quanja ? L’un d’entre eux avait fini par perdre l’esprit et avait utilisé la nécromancie, tuant ses confrères et finissant par se consumer lui-même pour redonner une apparence de vie à la jeune femme.

Liche malgré elle, Axanne erra pendant des années dans les bas-fonds de la ville, déboussolée et déprimée, ses parents ayant été tous deux emportés par la peste. Puis peu à peu, elle se reconstruisit et apprit à maîtriser ses nouveaux pouvoirs auprès d’une vieille à moitié folle ; un beau jour enfin elle osa sortir et réintégrer l’armée. Suite à ses exploits sur le champ de bataille, elle monta peu à peu en grade, et devant son intelligence tactique et son ardeur au combat, on cessa de se méfier d’elle - femme, ancienne voleuse, quanja, et maintenant morte-vivante - pour lui confier de plus en plus de responsabilités. Ce fut après plusieurs dizaines d’années de loyaux services que le dirigeant mourant émit le souhait de la placer à la tête de la ville, souhait que beaucoup contestèrent ; ce fut Naarliel lui-même, l’Ange de Feu présent pour la guerre, qui apporta son soutien, et dès lors la question fut réglée.

Le jour de sa prise de poste, elle rencontra un exarch, qui venait remplir sa mission : la détruire et emmener son âme aux pieds d’Öserys, comme la nature le réclamait. Mais lorsqu’elle lui apprit qu’elle n’avait pas cherché à être ainsi, il chercha à mieux la connaître, et il finit par lui accorder de diriger la cité jusqu’à ses cent ans, date à laquelle il viendrait la chercher, ce qu’elle accepta avec un certain soulagement. En effet, la perspective de vivre de cette demi-vie jusqu’à la fin des temps l’effrayait, et savoir qu’elle aurait finalement droit au repos, après avoir eu le temps de mettre sa vie en place, était un grand soulagement.

Depuis, Axanne dirige la citée avec astuce, et bien qu’elle soit souvent sur le terrain pour contrer les attaques officieuses lancées par les quanjis, elle n’en oublie pas pour autant le bien-être de ses citoyens, ce qui en fait une dirigeante plutôt appréciée, bien que beaucoup déplorent sa politique guerrière et que d’autres se méfient de ses origines, malgré les nombreuses preuves de sa loyauté.