Demandez à Faelern pourquoi on l’a nommé dirigeant de la ville, et il vous répondra sûrement "j’en sais rien" avec un sourire en coin. Et, de premier abord, l'elfe n’a effectivement en rien le caractère d’un dirigeant. D’un naturel joueur et désinvolte, il s’intéresse assez peu à la politique et semble plus préoccupé par son propre intérêt que par celui de sa ville.

Cependant, bien qu’il préfère ne pas en parler, Faelern est issu d’une grande famille noble (il est le cousin de Fëanor Eldarion, l’Empereur-Elfe), et en sait par conséquent suffisamment dans de nombreux domaines pour pouvoir diriger une ville, avec l’aide d’autres experts. Et même si ses propres intérêts restent toujours prioritaires pour lui, l’empereur Bai-Yong, qui l’a nommé, a su éveiller en lui un sens inattendu des responsabilités.

Cela étant, le chasseur reste un bon vivant. Les quelques tavernes du sanctuaire qu’est Saejin le connaissent bien. Il est plutôt populaire, car très proche de tous : il a de nombreux amis, de toutes les classes sociales, et il a, disons... "renforcé" cette amitié avec un nombre assez incroyable d’hommes et de femmes de toutes races.
Mais une part non négligeable de la population le juge trop désinvolte pour être un bon dirigeant, et déplorent son sens de l’honneur assez émoussé, surtout pour un quanji. Sans compter ceux qui trouvent qu’un empereur elfe est déjà un elfe de trop...

La caractéristique physique la plus remarquable de Faelern, ce sont ses yeux. D’un gris argent bien plus clair que les yeux gris habituels, ils sont encore plus mis en valeur par ses sourcils sombres. Dire que ses traits sont fins serait un euphémisme : ses pommettes ont l’air assez pointu pour couper du papier. Il est d’une taille moyenne pour un elfe, et bien qu’il paraisse plutôt mince, il s’est en réalité forgé une musculature fine mais puissante.

Faelern est toujours vêtu d’habits de chasseur : des vêtements souples, légers mais résistants ; et il ne se défait jamais de sa cape, qu’il a avec lui depuis des années. Elle provient d’un loup gris qu’il a lui-même tué et dépecé. Cette cape est d’ailleurs à l’origine du surnom qu’on lui a donné.

Faelern avait à peine fêté sa deuxième année que ses parents comprirent qu’il allait leur causer de nombreux cheveux blancs (oui, les cheveux des elfes blanchissent également au bout d’un moment). Le petit enfant n’avait pas son pareil pour disparaître du manoir familial et revenir des heures plus tard, couvert de boue et de diverses substances odorantes non identifiées, ou après s’être battu avec des chiens et chats errants ou des gamins des villes. A ses huit ans il fut envoyé dans une pension, car ses parents craignaient l’exemple qu’il donnait à sa nouvelle jeune sœur.

Ce fut bien pire. Il arrivait que le petit diable ne rentre même pas pendant la nuit et réapparaisse en plein cours dans un état déplorable. On essaya de lui inculquer les bonnes manières, et au fur et à mesure qu’il les apprenait il s’appliquait à les enfreindre l’une après l’autre.
Paradoxalement, ce fut à son adolescence qu’il sembla se calmer. Il sortait beaucoup, mais presque uniquement pendant les heures autorisées ; il se battait, mais seulement en représailles d’agressions ; il travaillait peu, mais travaillait tout de même. Ainsi qu’il l’expliquerait plus tard, il fallait bien qu’il sache se débrouiller en société s’il voulait vivre comme il l’entendait.

S'il ne se retrouva pas à un poste politique important tel que ses parents l'auraient souhaité, il parvint tout de même à une certaine respectabilité... qui n'était que de façade. En effet, le jeune elfe passait ses nuits à détrousser marchands et artisans, nobles et moins nobles, du moment qu'ils étaient riches. S'il s'en gardait de quoi vivre confortablement, il envoyait la plupart à ses parents ou à la pension dans laquelle il avait grandi (pour s'excuser de son attitude probablement, ou bien tout simplement pour les aider financièrement).

Les années passèrent, et Faelern commença à trouver la ville de ses études trop sur ses gardes. Il changea donc d'adresse, recommençant ses rapines nocturnes tandis qu'il vivait comme mercenaire la journée. Il en développa une grande endurance, ayant encore moins besoin de dormir que ses congénères. L'argent qu'il volait, il le redistribua à des orphelinats, des hospices, des pensions et des refuges.
Durant plusieurs décennies il vécut ainsi, déménageant lorsque son alter ego nocturne devenait trop connu ; il s'essaya à des dizaines de métiers différents, acquérant ainsi une grande polyvalence. Il aimait plutôt bien cette vie... jusqu'à ce qu'il soit pris sur le fait et capturé. On l'enferma et il savait qu'une lourde peine l'attendait, et qu'il pourrait attendre longtemps avant de revoir la lumière du soleil... mais quelle ne fut pas sa surprise de voir l'empereur Bai-Yong entrer dans sa cellule, et plus encore de se voir proposer d'être nommé, avec quatre autres personnes, dirigeant d'une des villes les plus jeunes de Quanjin : Saejin. En effet, l'empereur avait déjà sous la main un économe, un juriste, une sociologue et un scientifique ; il voulait quelqu'un qui sache manier les armes, qui soit rusé et sache tirer avantage de tout ce qu'il pouvait, et il remplissait toutes ces conditions. L'empereur avait été étonné par l'attitude de l'elfe, qui donnait à ceux qui étaient dans le besoin, et il avait décidé d'oser un pari dangereux.

Depuis quelques années, Faelern dirige ainsi la cinquième ville de l'empire rouge. S'il est censé partager cette direction avec quatre confrères, il a développé un remarquable talent pour manipuler le naïf économe et le corruptible juriste ; quant aux deux autres, ils n'ont pas vraiment voix au chapitre pour les décisions importantes. L'elfe est actuellement dans la meilleure position qu'il pouvait souhaiter.