Bien qu’il soit plutôt agréable de vivre dans la cité d’Ardaenne, il ne fait pas bon y transgresser les règles. Jonas Kaelmern semble diriger la cité avec magnanimité, mais c’est une main de fer dans un gant de velours : nul délit n’est pardonné, et les fauteurs de troubles sont bien vite muselés et jetés hors des murs de la ville.

Mais si vous vous contentez de vivre tranquillement, Kaelmern sera pour vous un meneur avisé et sage. Intelligent et prévoyant, il a su redonner à Ardaenne son ancienne vitalité en ouvrant des universités, en faisant venir de jeunes venderfeliens et en permettant à ses sujets de se divertir autant que possible - pour mieux les contrôler, diront certains - même si la plupart sont satisfaits de l’avoir pour dirigeant.

Si vous le croisez dans une taverne ou un lieu de divertissement, vous pouvez être sûr qu’il y est professionnellement. Personne ne se souvient l’avoir jamais vu prendre du temps pour lui. Il ne l’exprime jamais, mais porte une grande affection à son fils, qu’il exprime par de la fierté et un refus de la moindre erreur de sa part ; il ne semble porter personne d’autre dans son cœur, bien qu’il respecte le sénat et certaines personnalités de Venderfel ou d’ailleurs.

Jonas n’a rien perdu de son énergie avec l’âge. Certes, il ne peut plus courir un marathon ; son arme n’est plus qu’un accessoire, et son armure décorative, mais son regard gris reste perçant et sa haute taille ne s’est jamais voûtée. Ses cheveux blancs comme l’ivoire et son front plissé par les années rajoutent encore à son aura : de par son maintien et son attitude, personne ne peut douter, en le voyant, de ses qualités de dirigeant ; et nul ne peut non plus douter, face à son air sévère et à ses yeux qui scrutent chaque détail, qu’il ne laisse rien passer.

Lorsqu’il travaille, Jonas porte son armure, qui est en réalité allégée pour son âge et ne pèse pas grand-chose. Et qui ne sert à rien face aux flèches ou aux épées, d’ailleurs. Sinon il s’habille toujours de manière digne mais austère, avec des couleurs sombres, sans jamais d’ornements.

Né trois ans avant la déclaration de guerre de Quanjin, Jonas garde un souvenir amer des étrangers et ne les accueille pas volontiers dans sa ville. Les douze premières années de sa vie, il grandit ainsi dans un climat de guerre ; cela lui donna très tôt le sens des responsabilités et une grande maturité. Issu d’une famille noble mais appauvrie, il réussit à se faire un nom en politique grâce à sa fougue et à son intelligence rusée.

Alors qu’il avait 34 ans, son caractère emporté et passionné fit place à plus de sévérité et de prudence. Quelques mois plus tard, il présentait son fils à ses connaissances. Nul ne sut jamais qui était la mère, bien que les médecins qui examinèrent l’enfant comprirent qu’elle était un démon. Jonas passa à deux doigts de la disgrâce et de l’exil, mais avec une audace et un culot incroyable, il assuma la nature de son fils et au lieu de se faire discret, il proclama haut et fort qu’il comptait bien devenir dirigeant de la ville, même si cela lui prenait des années. Ce fut ce qu’il entreprit, et bien que tous pensaient qu’il n’était qu’un rigolo sans aucune chance, petit à petit il obtint le soutien de gens puissants, grâce à son astuce et à ses paroles choisies avec soin. Cela lui prit en effet des années, mais peu à peu il se fit une renommée et gagna le respect des politiciens.

A 39 ans, il fut choisi par le sénat comme conseiller principal de l’actuel dirigeant, puis ce fut à 43 ans qu’il le remplaça enfin. Depuis, il n’a eu à cœur que de rendre à Ardaenne sa gloire, projet qu’il a plutôt bien réussi.
Il est souvent surnommé Kaelmern l’Ancien, pour l’opposer à son fils Maglor, qu’il a placé à la tête de la cité de Rhodyria.